Requête cible Camille Grand-Dufay, Réflexologue

Rencontre d’un Père pas comme les autres

Lorsque nous sommes arrivés au Km48, nous avons tout de suite été accueillis par le Père Alex, un Italien de notre âge. Très vite, nous avons pu constater sa belle énergie.

10 000 idées à la minute, il a également une mémoire d’éléphant, n’oubliant aucun des points que nous lui transmettons. Il est présent sur tous les fronts : avec les enfants du village, les ados, les parents, dans les quartiers birmans, avec les personnes malades, isolées, les professeurs d’école … C’est un homme de contact ; c’est un vrai pasteur !

Il dort peu mais rit beaucoup ; il parle plein de langues dont le thaï, parfaitement, il joue au foot pour la gagne et s’aventure même au cours d’aérobic des femmes. Bref, pas facile de le suivre le Père !

Alex sent les choses avec finesse. Enthousiaste sur tout, il a aussi ce don d’emmener les gens avec lui ; on ne peut lui dire ‘non’. Toujours disponible, il a accueilli nos idées et nos projets avec un grand enthousiasme. Une chose à savoir : dès qu’on lui parle de quelque chose, il passe à l’action. Il faut être prêt donc !

Pendant nos 3 premiers mois au km48 « Po Alex », comme nous le nommons ici, nous a ouvert les portes du village, nous mettant en lien avec les personnes, nous expliquant les difficultés des uns et des autres, nous donnant son ressenti sur les choses.

Il a été un vrai guide pour faire de ce début de mission une aventure pleine de sens. Et nous ne pouvons qu’être reconnaissants !

Un départ émouvant

Mais après 12 ans passés en Thaïlande dont 10 à Bangkok et 2 au km 48, Le Père Alex a été rappelé en Italie afin de lancer le projet de volontariat xavérien pour répondre à deux réalités :

Il y a aujourd’hui moins de prêtres et donc moins de missionnaires disponibles pour aider les plus défavorisés
Il y a une grande demande de la part des jeunes, et des civils en général qui souhaitent consacrer du temps au service des plus pauvres.

L’exemple au km48 a renforcé ses convictions de la force du volontariat.

Et c’est donc en ce 17 Novembre dernier, qu’une église remplie lui disait aurevoir lors de sa dernière messe. On dit souvent que les asiatiques sont peu expressifs dans leurs émotions. Ce jour-là, nous avons pourtant vu des mamans s’effondrer, des hommes se blottir dans ses bras, des ados perdus qui pleuraient à chaudes larmes… Plus qu’un curé, il était un véritable père, frère, ami qui soutenait, écoutait et prenait le temps pour chaque personne qu’il rencontrait. Il en portait dans sa besace des histoires. Alors évidemment, Alex laisse un grand vide.

Rebondir

En ce qui nous concerne, au-delà de la profonde tristesse que nous avons ressentie à son départ, cela a très clairement transformé notre rythme. Alex était un vrai moteur pour faire avancer nos projets. Et nous devons à notre tour, trouver un nouvel équilibre dans cet environnement.

Après son envol, nous avons pris conscience de l’impuissance que l’on peut avoir parfois, lorsqu’on se trouve en terre inconnue. Car soudainement, nous étions face à des incompréhensions culturelles, mais aussi une vraie difficulté face à la communication. Il était si facile avant de lui demander de traduire, d’organiser les réunions, d’expliquer.

Néanmoins, nous nous sommes assurés de clairement poser les bases sur tous nos projets avant qu’il ne parte. Il ne tient qu’à nous de les faire avancer même si nous devons malgré tout accepter que les choses se fassent plus lentement.

Par principe, nous aimons tirer le positif d’une difficulté. Et aujourd’hui, nous n’avons d’autres choix que de trouver un moyen de mieux communiquer avec les personnes, de ne plus dépendre d’intermédiaires. Alors, désormais, nous mettons les bouchées doubles sur l’apprentissage de la langue, nous efforçant tous les matins à réviser, apprendre, écrire.

Une dernière chose. « Moi, je reviendrai… et vous ? » une question qu’il nous a lancée avant de partir… et cette question bien entendu va nous habiter. Car la mission au final, s’arrête-t-elle une fois retournés en France ?