Une mission humanitaire ?
Au détour d’une visite de notre maison par une agence de relocation, l’agent immobilier s’intéresse aux raisons de notre départ. Le concept de notre projet lui amène cette réaction : « Une mission humanitaire en Thailande ? Vous m’auriez dit l’Inde, la Birmanie, le Laos éventuellement ! Mais il n’y a pas de misère en Thaïlande, c’est un pays prospère et développé, et je le sais car mon mari travaille pour….. ! »
Je reste sans voix…
Des villes développées, une campagne riche
Un aéroport international et des infrastructures solides, des liaisons de transport efficaces. Une campagne parfaitement entretenue : des parcelles bien découpées, des plantations régulières! Un tourisme étendu, grandissant…
Alors oui, au premier regard, la Thaïlande est riche et prospère.
Derrière le portail… Et si on regardait vraiment ?
Mais à bien y regarder… Aujourd’hui pas loin de 100 000 âmes « habitent » sur 5 km le long du fleuve Chao Phraya de Bangkok. Klong Thoey est un vrai lieu de mission ; tellement violent sur bien des domaines !
Au km48, là où nous sommes arrivés, chaque parcelle est associée à une ferme, à un fermier, un propriétaire terrien Thaï. Si on pousse son portail, on tombe sur un hameau de près de 100 personnes qui vivent en promiscuité dans des « maisons ». Des maisons, construites sur pilotis en bambous, recouverts de bâches ou de tôles, pour se protéger de la pluie et du vent. Ces hameaux sont à 100% birmans, parfois sans papier : une main d’œuvre pas chère : rémunérée 100 à 150 baths par jour (l’équivalent de 2,5 à 3,75 euros) ! On y bosse à partir de 15 ans comme adulte.
Les corps usés… Prendre soin !
Ces corps usés sont là. Tout proches.
D’habitude, on se dit que les asiatiques ne font pas leur âge, qu’ils font plus jeunes ! Mais cela n’est vrai que dans certains milieux. Nous voyons là des personnes qui ont nos âges et qui nous apparaissent en bout de vie.
Les femmes en pâtissent particulièrement : en plus de la vie dans les champs, elles assurent la vie du foyer ! Elles n’arrêtent jamais.
Ces familles qui n’ont RIEN. Un seul tapis au sol en guise de matelas ; elles souffrent parfois du froid la nuit par manque de couvertures ; et trop souvent elles n’ont pas à manger.
Cela fait un mois que nous sommes arrivés et nous avons déjà assisté à la mort de 3 jeunes (47, 20 et 37 ans). Drogue, alcool, pesticides dans les champs, alimentation limitée, hygiène insuffisante, accès aux soins difficiles, sont tant de facteurs à cette mortalité prématurée.
Alors, misère en Thaïlande?
« Il n’y a pas de misère en Thaïlande ! » Lorsque je repense à ces mots, cela me met en colère !
Notre quotidien est d’accompagner ces personnes qui sont dans une très très grande précarité, Une précarité intense, comme personnellement je n’en ai jamais vue.
Alors, on fait comme on peut, avec nos petits moyens – mais ici la mission a tout son sens. Que ce soit en accompagnant toutes sortes de souffrances, en distribuant à manger, en créant des projets pour et avec eux (développement d’école, de centre, cours de stretching pour les femmes), en redonnant le sourire le temps d’une promenade pour les personnes tétraplégiques. Nous sommes là, tout simplement !
Pour soutenir les projets de la mission, contactez-nous sur nos adresses mail:
- camillepape1@gmail.com
- antoinegd@gmail.com
Bonjour Camille,
Félicitations pour la qualité de tes partages, merci beaucoup.
Merci à toi François de prendre le temps de nous lire. Nous vous espérons en grand forme et pensons bien à vous